De l’hiver au printemps vers la promesse de l’été, ces jours-ci, c’est l’entre-deux de la nostalgie heureuse ; un changement de saison sans frisson, une prison des émotions que le soleil ne saurait réchauffer, une écriture automatique somatique d’une pleine conscience en plein doute, hors du monde et pourtant ?
Je me réveille incertain. Un pas… puis un autre. L’être en repli se délasse. Le corps esquisse un sourire. Je vagabonde dans ma cervelle. Les projets inaboutis ouvrent sur le vain de « l’à-quoi-bon » de l’inconnu qui vient. L’inertie d’un élan mal assuré piétine, transite du centre au centre de ma chair.
Il faut qu’ça bouge.
Vite, du mouvement.
Vite, un souffle.
Plus vite encore ! Que la nuit dure et le jour cesse ! Que Morphée l’obscur m’évanouisse et m’inspire !
L’impersonnel pronomminé se cherche un droit d’être : sa liberté de se donner son propre nom. « Il me faut un nom. » Propre à l’ivresse, à la lucidité étreinte par la folie. L’entre-deux résiste. Je n’y crois pas et malgré tout il vient, le cœur à vif, le corps en croix, dieu à deux têtes, à la vitesse d’une balle perdue. Janus. Trop jeune. Trop vieux. Ouvert à la révolte. Fermé à la tranquillité.
Et si dans ma poésie, le passage kafkaïen du « je » au « il » m’était impossible ? Et s’il n’avait pas de nom ? Et si, après tout, je n’étais que moi ? Jean-Marie absurde-excentrique. Après tout… pourquoi pas ?
Et pourquoi ne pas embrasser le centre et le tout en tension qui gravite à égale distance géométrique de ce dernier, opposant l’infinité d’hydrogènes qui composent ceux qui m’attirent et que je rejette ? L’amour.
C’est peut-être ce nom qu’il me faut. Amour. Oui. Amour. « JM », en piètre oulipien que je suis, ça veut bien dire « j’aime »… Il est Amour. J’ai le nom qu’il lui faut.
Photographie: collage [SWEETHEART] de Naro Pinosa
