Quentin grimpe les dernières marches du dernier étage le cœur léger et tire un rideau de perles en bois multicolores ; il entre directement dans une pièce, un large palier auquel il attribue des airs de véranda. De l’autre côté, Dimitri déboule avec un plateau en équilibre sur la paume d’une main et qui tangue sous le poids d’une colonne de verres à cocktail encombrée par deux saladiers recouverts d’aluminium. Ils se regardent en chiens de faïence quelques secondes bien lourdingues comme deux acteurs ne sachant pas se donner la réplique. Quentin-au-cœur-léger, le souffle court néanmoins, une goutte de sueur roulant le long de chacune de ses tempes, brise la glace dans une hâte décomplexée : « J’avais oublié la montée… » Le plateau vacille dangereusement. « Oh tu veux d’l’aide avec ça ? » Et Dimitri de lui répondre un rien soulagé : « Oui j’veux bien merci. Pose-le sur la desserte, là-bas. » Il jette un coup de tête en direction du coin du palier où se trouve la-dite desserte devant une paillasse sur laquelle des pots à semis n’en finissaient plus de sécher à côté d’un sac de terreau éventré. Quentin s’exécute.
– Merci. J’reviens. J’vais chercher l’punch.
– Ah carrément ? Ma pauv’ bouteille de rouge qui tache ne rivalisera jamais… Tiens d’ailleurs.
Il sort la piquette de son sac.
– Tu n’as qu’à la mettre avec le reste. Mets-toi à l’aise, j’reviens tout d’suite.
Dimitri tourne le dos à Quentin qui réalise que la largeur de ses épaules cède sous sa nuque légèrement bossue et l’amplitude de sa démarche. Il traverse le salon et entre dans la cuisine.
