Il inspire, baille et ouvre les yeux ; un vent chaud d’une fin de printemps s’enroule autour des rideaux qui soulèvent un nuage brumeux de poussière. Dimitri se prélasse. Il se fait réveiller par la caresse d’un courant d’air. (Anna a dû laisser la porte ouverte.) Treize heures, premier réflexe : relier le PC allumé la veille en prévision aux enceintes du salon et trouver la note pour la journée. De la deep house fera l’affaire. Direction la baignoire : trois tours à gauche, un tour à droite ; la température parfaite.
Il dévale du dernier étage en tongs, entre dans une boulangerie pour le moins inspiré : « Deux croissants, » il fait un peace, « une baguette, » il rengaine son fuck, « et un grand café s’il vous plaît. » le pouce levé, tout sourire. De retour à l’appartement, quelque peu essoufflé, il dépose ses emplettes sur la table du palier, en plein soleil, devant la baie en verre et en fer forgé. Puis il court plonger dans le bain avec son café dans une main et un cigare fait maison pendu à sa lèvre inférieure.
Tout fumant, il pose son vice sur le lavabo et prend une douche froide express. Une fois sec, il enfile un caleçon et un débardeur beaucoup trop grands ; il peut enfin s’attaquer au petit-déjeuner. Il coupe les croissants en deux sur la longueur et les met à toaster avant de les badigeonner de miel et de les recouvrir de fruits coupés en gros.
Rassasié, il contemple son joyeux bazar plein de miettes et de restes indécents. Cette vanité le laisse rêveur et dans un élan inexpliqué, il se met en quête d’une éponge, d’un torchon et d’un vaporisateur à quoi-que-ce-soit. Le ménage, c’est son truc ; la meilleure des raisons pour ne pas avoir à mettre le nez dehors. C’est un homme des cavernes croisé avec le sens commun d’un maniaco-dépressif toujours obsédé par un chez soi chaleureux.
Dimitri lit l’heure sur l’horloge du micro-onde qui dissipe aussitôt ses pensées : il est temps de passer aux choses sérieuses. Il se frotte les mains. Tout doit être nickel, un lourd défi à relever malgré la meilleure des volontés ; il y a encore tellement d’autres choses à faire.
